Introduction
Affirmer la nécessité d’agir et de créer des liens entre travailleurs et consommateurs, citoyens du monde, pour faire respecter les droits, améliorer les conditions de travail, renforcer ceux et celles qui s’organisent pour défendre leurs droits fondamentaux dans les filières d’approvisionnement des marques et des enseignes de distribution. achACT s’enracine dans cette volonté, rebondit sur les acquis engrangés en 15 ans d’action et prend un nouveau souffle.
Devant nous, il reste un boulot immense pour faire respecter les droits des femmes et des hommes qui produisent nos vêtements, nos GSM, nos jouets, pour pousser au changement les entreprises, les consommateurs, les pouvoirs politiques et soumettre les intérêts et profits privés au respect des droits humains fondamentaux.
Les vêtements ne poussent pas sur les tringles
Derrière chaque vêtement, chaque chaussure de sport, chaque GSM, chaque nounours, ce sont des femmes et des hommes qui produisent, souvent à des dizaines de milliers de kilomètres d’ici mais bel et bien faits de chair et d’os. Et c’est fou comme ils nous ressemblent ! Mêmes rêves, même aspiration au bonheur, mêmes miroirs aux alouettes, piégés dans les mêmes engrenages. Coincés dans la course quotidienne et les fins de mois difficiles, inquiets d’une précarisation croissante, aspirant au respect de soi, de leurs proches, de leur environnement, partageant la même planète.
En fait, nous sommes tous à la fois consommateurs, travailleurs, citoyens du monde. Alors pourquoi, lorsqu’il s’agit de consommer, faire fi de nos aspirations de travailleurs ? …
ni les GSM au rayon TIC !
Les faits dénoncés par la campagne, les témoignages collectés, les résultats de recherche de terrains, les interviews et consultations d’acteurs du secteur le démontrent à l’envi : En cadenassant l’accès au marché, les enseignes de distribution et les marques sont en mesure d’imposer leurs conditions aux autres acteurs de la chaîne de production. Elles ont par conséquent une lourde responsabilité dans le maintien voire dans l’aggravation des conditions de travail et dans la violation des droits fondamentaux des travailleurs dans leurs filières d’approvisionnement.
Cette responsabilité n’est cependant soumise à aucune régulation contraignante à même de sanctionner les atteintes aux droits fondamentaux dans le cadre d’une relation internationale où le lien n’est pas - n’est plus - celui de maison mère à filiale et de patron à travailleur mais une relation commerciale de client à fournisseur, sous-traitant voire agence d’interim.
Du souci au changement de pratiques : un gouffre !
Certes, marques et enseignes ont changé d’attitude. En quinze ans, les engagements volontaires d’entreprises se sont multipliés à travers l’adoption de codes de conduite. Des marques et enseignes veillent à mieux connaître leurs filières et à les contrôler. Certaines acceptent de coopérer avec des ONG et des syndicats pour mettre en place des procédures de collecte d’information et de remédiation au niveau des usines, de rendre possible l’organisation des travailleurs dans les lieux de production, de rendre compte publiquement. Toutefois, très peu d’entre elles remettent en cause leurs pratiques (pression sur les prix, mise en concurrence effrénée des fournisseurs, confirmation tardive de commandes, etc). Elles sont pourtant au cœur du système qui mène à la violation des droits et aux mauvaises conditions de travail (heures supplémentaires excessives et non rémunérées en tant que telles, salaire sous le minimum vital, répression des initiatives d’organisation des travailleurs, etc.).
Changer les pratiques des marques et distributeurs nécessite que consommateurs, travailleurs et citoyens du monde soient connectés et solidaires. Qu’ils adressent un signal fort et conjoint aux marques et aux enseignes, ainsi qu’aux autorités publiques de régulation nationales et internationales. Qu’ils soient capables de trouver et de promouvoir des modes de production, de distribution et de consommation responsables.